Le ministère de l’Écologie a identifié la filière des matériaux biosourcés comme une filière verte à fort potentiel de développement économique. En cause ? Le secteur de la construction est un grand consommateur de matières premières d’origines fossiles et fortement émetteur de gaz à effet de serre. Dans ce contexte, faire valoir les matériaux biosourcés, plus écologiques, revient à s’inscrire dans un processus de développement durable. Alors, qu’est-ce qu’un matériau biosourcé ? Quel type de maison peut-on construire à partir de ces matières naturelles ? Ces constructions répondent-elles aux normes écologiques imposées par l’État ? Exemple en région.
Un matériau biosourcé est un matériau issu de la matière organique, qu’elle soit animale ou végétale. Cette filière tend à venir en remplacement des ressources fossiles - charbon, gaz, pétrole, … - afin de limiter l’impact environnemental des produits les contenants, tels que cosmétiques, produits d’entretien, emballages plastiques, etc.
Parmi les matériaux biosourcés, l’on peut notamment citer la paille, le liège, la laine de mouton, le textile recyclé ou encore le chanvre. Leur utilisation, croissante dans le cadre de la construction de logements, témoigne de l’urgence de préserver l’environnement des pollutions émises par les matériaux fossiles.
Ces matières naturelles, que l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) appelle “chimie du végétal”, offre de multiples possibilités au secteur du bâtiment. Alors que le bois est utilisé de longue date en guise de structure porteuse, de bardage ou de menuiserie, d’autres produits demeurent mal connus. C’est le cas du liège, qui, une fois transformé en rouleaux, constitue un formidable isolant pour les planchers, les murs, les combles ou les rampants de toiture. Le chanvre, plante à croissance rapide, nécessitant peu d’engrais, permet de réaliser des substances utiles comme le mortier, le béton ou encore l’enduit. En 2012, le chanvre avait été choisi dans le cadre du projet d’extension de la maison du tourisme de la ville de Troyes (51), par la suite lauréat des rubans du Patrimoine 2014.
À l’heure où la moitié des matières extraites en Europe servent au secteur de la construction, les éco-matériaux représentent un enjeu de taille dans le développement de la filière. En effet, en 2013 les matières mobilisées pour la consommation intérieure française représentaient 784 millions de tonnes parmi lesquelles 391 millions de tonnes de matériaux de construction, soit 50% du total. Les autres matières correspondent à des produits agricoles et dérivés (30%) à des combustibles fossiles (17%) et à des minéraux métalliques 2% ou autres, 1% (Déchets chiffres-clés, éditions 2016, ADEME).
Au rang des matériaux les plus respectueux de l’environnement, on retrouve la paille. À la fois locale, naturelle, biodégradable et renouvelable, elle se révèle également peu onéreuse compte tenu de sa résistance et de ses performances énergétiques.
De plus en plus répandue, la maison de paille présente de nombreux avantages. Toutefois, elle appelle plusieurs exigences. Tout d’abord, il est important de sélectionner un type de paille qui soit suffisamment résistant : c’est le cas des pailles de seigle, de blé et de tritical. De plus, avec une saisonnalité très marquée - elle n’est produite qu’à la fin de la période estivale - la paille se réserve à l’avance auprès des producteurs. Enfin, il faut choisir entre les deux techniques de construction existantes que sont :
Une maison faite de paille offrira à son propriétaire une construction saine. En effet, la paille ne dégage aucune fibre irritante ni aucun composé chimique. Cela offre l’avantage d’annihiler complètement les risques allergiques pour les occupants du logement. De plus, la paille est un matériau respirant, ce qui est permet à la maison de s’aérer naturellement.
En outre, la paille est un matériau isolant, aussi bien phoniquement que thermiquement. Cela promet des économies d’énergie conséquentes.
Par ailleurs, la construction d’une maison de paille est accessible au plus grand nombre : hors transport, un ballot de paille coûte 2€ en moyenne. Aussi, si vous envisagez de construire vous-même votre habitat, vous pouvez vous en tirer pour un budget plus que raisonnable. En revanche, en faisant appel à une entreprise de construction, votre facture sera la même que pour une maison conventionnelle, à la différence que vous obtiendrez une qualité d’isolation bien supérieure.
Enfin, argument non négligeable, réaliser une maison de paille est à la fois simple et rapide. C’est la raison pour laquelle ce type d’habitat fait l’objet de chantiers participatifs organisés, pour la plupart, par des associations. D’une part, les bottes de paille sont plus faciles à déplacer que les matériaux traditionnels ; d’autre part, leur utilisation ne demande aucune connaissance particulière.
Évidemment, les constructions de paille présentent également quelques inconvénients, parmi lesquels :
Alors que les normes nationales de construction évoluent vers un plus grand respect de l’environnement, les maisons de paille, pour écologiques qu’elles soient, y répondent-elles pleinement ?
À l’horizon 2020, toutes les constructions neuves faisant l’objet d’un permis de construire déposé à compter de la fin 2012 devront présenter une consommation d’énergie primaire inférieure à la quantité d’énergie renouvelable produite dans ces constructions. Cette exigence résulte de la loi du 3 août 2009, dite “loi de programmation relative à la mise en œuvre du Grenelle de l’environnement”. De plus, l’article 9 de la directive européenne 2010/31/UE du 19 mai 2010 sur la performance énergétique des bâtiments projette que : “les États membres veillent à ce que, d’ici au 31 décembre 2020, tous les nouveaux bâtiments soient à consommation d’énergie quasi nulle ; et qu'après le 31 décembre 2018, les nouveaux bâtiments occupés et possédés par les autorités publiques soient à consommation d’énergie quasi nulle”.
L’émergence de ces BEPOS (“bâtiments à énergie positive”) va de paire avec le projet national de RT2020, plus contraignant sur le plan juridique. Cette règlementation thermique, d’ores et déjà à l’œuvre au sein des bâtiments publics, prévoit que tous les nouveaux logements construits à compter du 1er janvier 2021, aient une consommation de chauffage inférieure à 12 kWhep par mètre carré et une consommation énergétique globale (éclairage, appareils électriques, chauffage, eau chaude sanitaire) inférieure à 100 kWh par mètre carré. En somme, ces logements neufs produiront, à terme, plus d’énergie qu’ils n’en consomment pour leur propre fonctionnement.
Alors, la paille ainsi que les autres matériaux biosourcés évoqués dans cet article, représentent-ils des matières premières susceptibles d’atteindre l’objectif BEPOS ?. Selon un décret publié le 23 décembre 2016, pour qu’un logement ou un bâtiment public soit considéré comme un BEPOS, il doit obtenir une certification respectant au moins deux de ces critères :
L’utilisation de matériaux biosourcés se présente donc comme une condition non obligatoire à l’obtention de la mention BEPOS. Toutefois, cela laisse entendre que ces ressources naturelles sont bien conseillées par les autorités publiques pour la production d’édifices qui seraient légalement écologiques. À noter que ce décret concerne uniquement les bâtiments publics. La définition qui concerne le marché de l’habitat se fait encore attendre.
Nantes et sa région se montrent très novatrices en matière de promotion immobilière. L’habitat social nantais se fait la vitrine de la qualité environnementale, à l’image de la résidence Albert-Londres, située dans le quartier Doulon-Bottière, qui utilise une chaudière numérique pour préchauffer l’eau sanitaire des résidents.
“Pourquoi vouloir dépenser de l’énergie pour refroidir un serveur informatique alors qu’on peut récupérer sa chaleur et faire des économies ? [...]”.
Johanna Rolland, maire de Nantes
Autre exemple, pour combattre le mal-logement, l’École Supérieure du bois, sous la direction de Fabien Le Goff, a mis au point une maison de bois qui tend à réduire les coûts de construction. Sur l’Île de Nante, la première maison Woodstock a été bâtie en deux mois et est transportable à souhait.
Ainsi, investir dans un logement à Nantes peut se concrétiser de diverses manières parmi lesquelles, la construction d’une maison bioclimatique en paille. En effet, dans la région de Nantes, l’association Approche-Paille forme des particuliers à l’isolation de leur habitation. C’est dans la ville de Joué-sur-Erdre, en Loire-Atlantique, que la technique dite “du Greb”, en provenance du Canada, a été transmise à quelques néophytes au cours d’un stage qui s’est tenu du 9 au 11 juin 2018.
Issue des recherches canadiennes (grand nord québécois), la technique du GREB est une technique qui allie une structure bois, un isolant botte de paille et un enduit coulé pour la construction de parois isolantes. Elle forme un système constructif complet et fait interagir, pour une même destination, plusieurs matériaux inhabituellement mélangés pour les corps d’état du bâtiment franco-français. [...] ce système constructif est en accord avec la réglementation pour peu qu’on le rapproche des différentes exigences. Il est à portée de beaucoup de professionnels du bâtiment non spécialisés mais formés, capable de travailler le bois comme la maçonnerie.
Association Approche-Paille
Selon Approche-Paille, de plus en plus de ménages s’intéressent à ces techniques alternatives à la construction classique. Cela se présente, en tout cas, comme un bon moyen de prendre en main la construction de son logement dans le respect de l’environnement.
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